Le 1F50 type Bersier - Wilfrid Biemans

Recherches

C'est au chapitre du "Faux F.F.I." que nous avons fait connaissance de monsieur W. A. BIEMANS, co-auteur de la brochure émise en 1946 et consacrée à ces faux timbres.

Ensuite, nous avons retrouvé son nom comme possible créateur de la surcharge Vlaamsche Staat".

Mais c'est au cours de mes recherches sur de bien étranges épreuves que je fus ammené à m'intéresser de plus près à ce personnage.
Ces épreuves étant censées provenir des archives "Bieman Landais", il fut facile de trouver qu'il s'agissait en réalité de Wilfrid BIEMANS, marié avec Adrienne LANDAIS :


L'Ouest Éclair du 9 juillet 1932.

Wilfrid Biemans

Fils d'un greffier d'Anvers, Wilfrid BIEMANS est né le 21 août 1897 dans cette même ville. Il participe à la guerre de 14-18 au 4ème régiment d'Artillerie.
Après la guerre, en 1929, il est représentant de cartes postales fantaisie, d'image et de papier dans la société créé en 1922 avec son frère Charles, de trois ans son aîné, la société "Biemans frères et Cie". Une société de commerce de pâte à papier située au 30, rue de Petrograd, à Paris.

Il s'intéressait déjà à la philatélie comme le montre cette petite annonce passée dans "Le Timbre-poste" en janvier 1923.


"Le Timbre-poste", janvier 1923.

En 1926 il rachète la société BRULE GATTANG & VIDAL, il crée une société d'édition d'images pieuses au 26 rue Merlin à Paris. Société qui fera faillite en 1929.

En 1926, il cède à son frère Charles ses droits sur la société qui devient "Charles Biemans et Cie". Puis il crée et exploite le "Comptoir électro-ménager" au 163 rue de la Roquette, un commerce de fournitures d'accessoires électriques.


"Sciences et Voyages" 1933

Comme nous l'avons vu plus haut, il épouse, le 4 juin 1932, à Bruxelles, madame Adrienne LANDAIS.

En septembre 1933 son "Comptoir électro-ménager" fait faillite.

C'est en 1935 qu'il quitte Paris pour s'installer à Bruxelles. En 1939, il est mobilisé dans l'armée Belge et participe à la "campagne des 18 jours" où il est fait prisonnier puis libéré. Il crée alors une papèterie à Bruxelles, au 30 rue Duquesnoy, qu'il tiendra jusqu'a 1960.


La Papeterie W. Biemans, 30 rue Duquesnoy, Bruxelles (1941) 🔎

Sur la vitrine de cette papèterie, on peut deviner l'inscription "Marque Déposée WABI", que l'on peut rapprocher des "Editions Wabi" que nous avons déjà rencontrées dans l'article annonçant la parution du fascicule sur les faux de la Résistance. WABI = W.A. BIemans ! De ce côté là, la boucle est bouclée.


La carte souvenir Caudan.

En 1945 sont émises des cartes-souvenir pour célébrer la capitulation allemande, signée le 10 mai 1945 à Caudan.
Ce sont des rectangles de bristol, généralement de couleur crème, plus ou moins foncée, d'environ 11cm x 8cm. Au centre de la plupart de ces cartes on a collé un timbre à l'effigie de Pétain avant de réaliser l'impression du texte. Mais on trouve aussi des cartes sans timbre.

Certaines de ces cartes sont imprimés sur de simples bristol et présentent un verso vierge d'inscripions. Mais beaucoup ont été découpées dans d'anciennes cartes de Belgique que l'on retrouve au verso. C'est également au verso de ces cartes-souvenir que l'on peut voir une griffe violette "W. BIEMANS". Faut-il comprendre que c'est lui qui a imprimé ces cartes et les a commercialisées, ou a-t-il simplement apposé cette griffe en tant qu'expert ? Le fait que ces documents aient été réalisés sur des cartes de Belgique, m'incite à privilégier la première hypothèse, mais ça reste à confirmer.


Le Coin de la Philatélie.

Vers 1945, il semble gérer "Le Coin de la Philatélie" pour un journal hebdomadaire "France Belgique" au 2 rue Lobeau.

Cette lettre, datée du 4 août 1945, a été envoyée par W. BIEMANS à M. PERPIGNAN, créateur de la revue "Jeannot Collectionneur", dont le premier numéro devait paraître en janvier 1946. Peut-être pour y faire de la publicité ? Mais peut-être pas !
M. Perpignan, était en effet, en cette année 1945, la personne à contacter pour se procurer des planches de faux "F.F.I." au Musée de la Guerre ! De plus, il annonçait, dès mars 1945, un article dans sa revue "Jeannot Collectionneur", relatant l'histoire "détaillée" de ce faux timbre.

W. Biemans a peut-être écrit à M. Perpignan après avoir lu cette annonce...


Combat du 2 mars 1945.
( Source gallica.bnf.fr / BnF )

Surcharge de Pornichet.

Mais comme à chaque fois qu'il est question de Wilfrid BIEMANS, on découvre un mystère : La lettre ci-dessus ayant voyagé de Bruxelles vers Paris, que vient faire, au verso, cette croix de Loraine avec les lettres R F entre ses branches, et qui semble bien être la surcharge de Pornichet ? Il semble évident que ce cachet a été apposé par l'expéditeur pour "sceller" la fermeture de l'enveloppe.

Alors cette surcharge, qui n'est pas citée dans le livre de J.F. Lion "Les timbres de la libération", et qui n'est que succintement évoquée par Mayer dans son catalogue, est-elle encore une fabrication de notre ami Wilfrid Biemans ?

On peut noter qu'en 1963, il signe, dans le n° 97 de la revue "Le Pays Breton (Bro Vreizh)", un article intitulé "Vignettes et timbres poste relatifs au mouvement breton de 1903-1904". Cet article, et la carte de Caudan, laissent à penser qu'il s'était particulièrement intéressé à la philatélie bretonne.


Cartes-postales "Pirate".

A partir de 1948, W. Biemans est désigné comme commerçant en "Cartes Postales et Imagerie". En 1960, des projets de démolition l'obligent à quitter le 30 de la rue Duquesnoy, et de s'installer au 29 de la rue Ernest Laude.

Il produira des cartes régionnales, des cartes humoristiques. Mais il est surtout connu pour ses cartes "pirates" éditée en faible quantité et souvent en relation à des évènements cartophiles.

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Cartes sur lesquelles il n'hésite pas, parfois, à se mettre en scène.


W. Biemans vers 1979.

W. Biemans vers 1984.

En 1976, il est décoré de l'ordre de Léopold II au titre d'artisan imagier.


Épilogue.

Wilfrid BIEMANS s'est éteint vers 1988, emportant sans doute avec lui d'autres secrets philatéliques que l'on découvrira peut-être au fil du temps...


Sources.



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