Le 1F50 Bersier - Chapitre précedente : Les problemes de circulation. La Poche de Saint-Nazaire Chapitre suivante : La Libération.

Introduction

Les infos ci dessous proviennent en majorité du fascicule de Richard-Blanchard, publié en 1961 par "Le Monde des Philatélistes" :

LA POCHE DE SAINT-NAZAIRE
SON HISTOIRE
OBLITERATIONS ET VIGNETTES POSTALES
( Tirage 525 exemplaires, dont 25 Hors commerce (HC I à HC XXV) et 100 sur papier glacé (1 à 100))


Contexte militaire

Le 22 Juin 1940, les Allemands rentraient dans Saint-Nazaire. Du fait de sa position, celle-ci est un élément important de l'organisation TODT, qui construit les fortifications constituant le fameux "Mur de l'Atlantique".
De ce fait, elle sera très souvent la cible des bombardements alliés, et en subira de forts dommages. Le plus terrible de ces bombardements eu lieu le 28 janvier 1943, ou 60% des immeubles furent complètement détruits et 20% rendus inutilisables.
La population ainsi que les services administratifs furent évacués vers les localités avoisinantes.


"Le Soir du 16 décembre 1944.
( Source gallica.bnf.fr / BnF )

Les Postes sont repliées sur Nantes, et c'est La Baule qui devient Direction Régionale.

En été 1944, Saint-Nazaire espérait être libérée. Hélas, le 19 Aôut, 30000 allemands, profitant du ralentissement des troupes alliées, se retranchèrent dans ce secteur. Rapidement coupés du reste de l'armée d'occupation par la progression vers le Sud des troupes alliées, ils formèrent, jusqu'au 8 mai 1945 la "Poche de l'Atlantique" .


Histoire Postale et Philatélique

Timbres, surcharges et cachets dans «l'Ilot de Saint-Nazaire» .
L'histoire de la poste dans «l'îlot de Saint-Nazaire» donnera sans doute bien du soucis aux spécialistes de France dans l'avenir. C'est à l'intention de ces derniers que je veux noter ici, en un exposé peut-être trop bref mais précis, ce que furent les cachets, surcharges et timbres dans l'ilot pendant les derniers mois de l'occupation.
Jusqu'à la fin de 1944, les bureaux de poste de l'îlot fonctionnèrent normalement, si l'on peut dire, puisque toute la correspondance était intérieure, le territoire occupé n'ayant aucune relation avec le reste du monde.
Au début de 1945, le ureau de poste de La Baule, devenue la capitale de l'îlot, puisque Saint-Nazaire était inhabitable, manqua de vignettes.
Pour suppléer le manque de timbres, les postes réquisionnèrent deux machines appartenant à la succursale de l'Agence Havas de Saint-Nazaire.
Sur les ordres de la direction départementale des P.T.T., le public apporta ses lettres non affranchies dans les bureaux de poste où, contre remise du prix de l'affranchissement, les plis reçurent l'impression mécanique iindiquant la perception de la taxe.
Ce mode d'affranchissement dura trois semaines environ et servit sur trois à quatre mille plis.
L'emploi de ces deux machines qui existaient dans la «poche» se révéla bien vite insuffisant.
Dès le mois de février 1945, certains bureaux de poste, ceux de La Turballe, de Batz-sur-mer, Guérande, et Piriac-sur-mer, étant sur le point de manquer de timbres-poste, l'administration des P.T.T. donna des instructions à ces bureaux affin que les correspondances fussent déposées directement aux guichets pour y être affranchies.
L'indication "Taxe perçue" devait êtreapposée sur les plis ou les enveloppes à l'aide d'un cachet fait de caractères d'imprimerie.
Ces mesures entrèrent immédiatement en vigueur.
Le public ayant présenté des enveloppes partiellement affranchies, le cachet "Taxe perçue" fut apposé en surcharge sur le timbre - ou les timbres - formant un affranchissement incomplet.
Le bureau de la Turballe utilisa cette griffe à partir du 19 février, celui de Batz-sur-Mer à partir du 28 février, celui de Guérande et celui de Piriac-sur-Mer le 24 mars.
Une maison de la Baule imprima une vignette indiquant le montant de la taxe perçue. Cette vignette - qui n'a aucun caractère officiel - fut acceptée par les bureaux de poste qui y apposèrent le cachert "Taxe perçue".
Il va de soi que cqchets ou vignettes n'ont d'intérêt que sur lettre et doivent obligatoirement être oblitérés d'un des bureaux ci-dessus désignés. Roger Dorsel. "Les Lettres françaises", 29 septembre & 6 octobre 1945.

Isolé du reste du pays depuis le 19 Août 1944, l'Ilot de Saint-Nazaire ne disposait que d'un stock réduit de timbres-poste.
Ces timbres s'épuisant rapidement, le service postal fut dans l'obligation de prendre, au début de 1945, plusieurs dispositions qui, toutes, présentent un certain intêret philatélique.

Pour suppléer à l'absence de timbre on se servit de différents moyens de fortune. Les timbres à 1Fr50 furent utilisés au-delà de la date de démonétisation (1/11/44).


Machine à affranchir

C'est le 8 Janvier 1945 que la poste de LA BAULE, et sur les ordres de la Direction départementale, eut recours à l'emploi d'une machine à affranchir appartenant aux Chantiers de Penhoët .
Celle ci fonctionna jusqu'au 23 Mai 1945.


Empreinte de Machine à Affranchir

A cette occasion "La Centralisation du Livre" fit affranchir 2.900 cartes-bloc, à titre de souvenir ( non-officiel ) .


Carte - Souvenir

Griffe "TAXE PERCUE"

En février 1945, le même problème se posa pour d'autres bureaux de Poste de la "Poche". La Direction de La Baule donna des instructions à ces bureaux afin que les correspondances soient déposées directement aux guichets pour y etre affranchies.
L'indication TAXE PERCUE devait être apposée sur l'enveloppe ou sur le pli, à l'aide d'un timbre à caractères d'imprimeris.
Lors de l'application de ces mesures, des affranchissements partiels furent présentés par le public et le timbre TAXE PERCUE fut apposée en surcharge sur les différents timbres-poste formant un affranchissement incomplet.


La griffe "Taxe Perçue"

 

Quatre bureaux furent autorisés à se servir de cette griffe. Par ordre de date ce furent les bureaux de :

Toutes ces surcharges ne sont valables qu'oblitérées. Elles furent utilisées jusqu'en Mai 1945.


Vignette "TAXE PERCUE"

A la même époque, une entreprise privée de La Baule, la " La Centralisation du Livre", prit l'initiative d'emettre une vignette spéciale "TAXE PERCUE", noire sur rose, d'une valeur d'affranchissement de 4F50. Les dimensions de cette vignette sont d'environ 45mm x 29 mm.


La vignette.

Cette vignette fut acceptée comme affranchissement régulier par les 4 bureaux cités au paragraphe précédent.
Le tirage fut limité à 3 500 vignettes. 250 furent adressées à Paris, 250 en province par la Centralisation du Livre, le reste fut intégralement utilisé dans la région de l'îlot de saint-Nazaire..
Ces vignettes ne sont valables qu'oblitérées.
Il existe (évidement !!) une variété : ILGT au lieu de ILOT !


La vignette avec erreur "ILGT".

Vignettes de la Chambre de Commerce de Saint-Nazaire

En Mars 1945, la pénurie de timbres se fait de plus en plus sentir. De plus, suite au décret N 45.289 du 22 février 1945, les tarifs postaux avaient changé.


La vignette à 50c.

La vignette à 2fr.

La CHAMBRE DE COMMERCE de SAINT-NAZAIRE (repliée à La Baule), sur l'initiative de son Président, Monsieur NASSIET et du receveur des Postes, décida d'émettre 50.000 timbres-symboles portant la nef et la clef symbolique de la ville.
Monsieur BENEDETTI, Sous-Préfet de Saint-Nazaire, autorisa officiellement cette émission par arrêté en date du 30 Mars 1945.
La première journée de vente fut le 9 Avril 1945 .

2 vignettes furent émises, l'une à 2Frs l'autre à 50 centimes en complément des 1,50Frs encore disponibles.

Le dessin fut confié à M. Emile Guillaume (initiales EG sur la vignette), et réalisée par la société d'édition et de publicité La Mouette, sise rue de Paris à la Baule.

Tirages : 50c : 30.000 exemplaires dont 19.000 vendus.
  2Frs 20.000 exemplaires dont 16.000 vendus.

Les planches qui ont été utilisées pour l'impression de ces timbres, ont été détruites le 16 Avril 1945 par le graveur, Monsieur Guillaume, devant Maître J. Bouvet, huissier à Guérande, qui enregistra le procès-verbal le 20 avril 1945.

Épreuves et variétés

Ces "timbres" se présentent également sous les formes suivantes :


La vignette à 50c non dentelée.

La vignette à 2fr non dentelée.

Épreuve réalisée après l'annulation.annulation.

Paire tête-bêche non dentelée du 50c.

Paire tête-bêche non dentelée du 2fr.

Sans la signature "E G ____"


Le 50c sans signature.

Le 2fr sans signature.

Vrais ou Faux ?

Bien entendu, de fausses vignettes circulent.
La maison Calves (https://www.timbres-experts.com), donne quelques explications pour repérer certains faux dans une fiche que l'on peut télécharger à cette adresse :
http://cdn.shopify.com/s/files/1/0240/8591/files/Fiche_conseil_Chambre_de_commerce_de_St_Nazaire.pdf


Vraie à gauche, fausse à droite.

Comment les reconnaitres ?

Mais attention !
Ces différences correspondent à des faux connus, réalisés par un faussaire, sans doute vers 1948, et que l'on retrouve souvent sur le marché.
Mais d'autres faux ont sans doute été mis plus récemment sur le marché, que les moyens modernes de reproduction rendent plus difficiles à détecter !
Donc : les vignettes qui présentent ces défauts sont fausses, mais celles qui ne les présentent pas ne sont pas forcément vraies. Un certificat d'expert est toujours le bienvenu.

Supercherie ?

Un philatéliste suédois m'a soumis la photo suivante d'une vignette qu'il a en sa possession. Une vignette bleue et à 2f50 !!



La Griffe "Libération"

Lors de la reddition des troupes allemandes, encerclées dans la poche, Monsieur le Sous-Préfet de Saint-Nazaire, par arrêté en date du 8 Mai 1945, autorisait les bureaux de poste à apposer, à partir du 9 Mai sur tous les timbres en cours, l'inscription en surcharge "LIBERATION".
Cette surcharge était faite, au moment où les enveloppes timbrées étaient déposées au guichet, à l'aide d'une griffe composée avec des petits caractères d'imprimerie. Les timbres surchargés ne sont donc valables qu'oblitérés.
Cette surcharge eût lieu les 9 et 11 Mai dans les principaux bureaux. Toutefois, les bureaux trop éloignés de LA BAULE, capitale de l'îlot, n'ayant pu recevoir cette griffe à temps, surchargèrent des courriers du 12 et 14 Mai.


La surcharge "Libération" sur timbre et sur vignette.


La "Centralisation du Livre".

A La Baule, au 38 avenue de la Gare, " La Centralisation du Livre ", une Librairie Imprimerie, possédait un rayon philatélie tenu par Monsieur Roger Blachère.
Celui-ci effectua, pendant toute cette période trouble, de très nombreuses lettres de complaisance, adressées soit à la Centralisation du Livre (Rayon Philatélique), soit à lui-même dans différentes postes restantes de la région (La Turballe, Guerande, Batz sur Mer, Ferel, Saint Gildas des Bois, Piriac sur Mer, etc. et même Guenrouet, bureau fermé par suite des bombardements, pour avoir des "RETOUR A L'ENVOYEUR").
A toutes les combinaisons possibles de vignettes et de timbres (et même de demi-timbres), furent rajoutées de nombreuses griffes et signatures...:


Annecdote... mais bon à savoir !


"L'Aube" du 25 avril 1946.
( Source gallica.bnf.fr / BnF )


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