Les types Pétain en France - Chapitre précedente : Les Projets non retenus. La Carte Postale Métaux non-ferreux.

Contexte.

En 1941, la France se trouve face à un problème majeur : le manque de métaux non-ferreux !


Le Journal du 9 août 1941.
( Source gallica.bnf.fr / BnF )

En effet, pour tous les métaux non ferreux, cuivre, nickel, plomb, étain et zinc, elle est entièrement tributaire des importations d'origine étrangère. Le cuivre venait du Congo, du Canada, du Chili, des Etats-Unis, de Rhodésie de Norvège. L'étain de Malaisie, des Indes néerlandaises. Le nickel du Canada et de Nouvelle Calédonie. Tous ces minerais n'arrivent plus par suite du blocus anglais.

Dès le mois d'août 1941, le gouvernement crée un "Service central de la mobilisation des métaux non ferreux", organisme ayant pour but de procéder, dans les deux zones, à la récupération des métaux en question aussi bien chez les particuliers que dans les administrations publiques.

Par circulaire ministérielle du 5 août 1941, une campagne de mobilisation est lancée du 18 août au 18 septembre 1941. Elle sera prolongée jusqu'au 5 octobre, puis jusqu'au 18 octobre. Mais les résultats ne sont pas satisfaisants. Le 9 octobre, M. Lehideux, secrétaire d'état de la production, fait une déclaration à la presse :

Le 11 juillet dernier, le gouvernement a pris l'initiative de décider la mobilisation des métaux non ferreux. Il s'agit là d'une mesure décisive pour l'économie française.
La parcimonie de rigueur dans leur répartition et l'exploitation d'alliages de remplacement ne peuvent suffire à combler le déficit causé par l'état de guerre et parer à toutes ses conséquences
Cependant, il faut protéger nos récoltes contre les parasites; il faut couvrir les besoins des industries de l'alimentation ; sucreries, distilleries, conserveries, transport du lait, etc. Il faut des métaux non ferreux pour assurer aux sinistrés au moins un hébergement urgent, pour maintenir la distribution d'esu et de gaz malgré les avaries qu'amènera l'hiver. Ces métaux sont encore indispensables pour les transports et l'énergie électrique qui permet de libérer du charbon réservé aux usages vitaux tels que le gaz et le chauffage domestique.
Ainsi ces métaux, cuivre, plomb, étain, nickel, conditionnent directement une très large part de notre activité industrielle et, par là-même, les moyens d'existence de centaines de milliers de familles françaises. Leur pénurie met en cause la satisfaction des besoins essentiels de la population : ravitaillement, logement, chauffage, éclairage.
En appelant tous les français à remettre tous les objets mobilisables qu'ils possèdent, le gouvernement a voulu faire confiance à leur sens de la solidarité.
Malheureusement, cet appel n'a pas été entendu partout comme il convenait.
Une propagande spécieuse s'est efforcée de jeter le trouble dans les esprits, en laissant entendre que les métaux mobilisés ne serviraient pas à la France. Ceci est faux ! Par un engagement solennel, en date du 29 avril dernier, les auitorités occupantes ont marqué qu'elles n'élèveraient aucune revendication sur les quantités ainsi ramassées. Le bénéfice de cette campagne est affecté aux seuls besoins français. Les reçus délivrés, en échange des objets remis, vaudront même après paiement, priorité pour certaines matières. Les modalités en sont dès maintenant arrêtées pour le sulfate de cuivre. Elles le seront prochainement pour de nombreux produits. L'hiver sera dur. Chaque Français se doit d'apporter sa part à cette opération de Salut Public. Sinon, il portera dans sa conscience la responsabilité d'avoir livré une famille française au froid, à la faim, au chômage.
Remettez-donc, sans tarder, tous les objets inutiles qui dorment encore dans les greniers ou les débarras. Vous avez encore quelques jours pour accomplir ce devoir de solidarité nationale.
Ce dernier appel sera certainement entendu et compris de tous. C'est à cette condition seulement que les mesures d'autorit et de contrainte qu'imposeraient les nécessités de salut public nous seront épargnées. Source : la presse de l'époque rapporte ce message avec plus ou moins de précision. Cet article (Le Petit Troyen du 12 octobre 1941) est celui qui semble le plus proche de la réalité.
( Source gallica.bnf.fr / BnF )

Après cet appel, la collecte est, une fois de plus prolongée jusqu'au 18 novembre, puis jusqu'à... "une date ultérieure", avec l'organisation, le dimanche 16 novembre 1941, d'une "Journée Nationale de récupération des Métaux Non Ferreux". Journée repoussée au 23 novembre pour certaines villes.


François Lehideux

C'est dans ce contexte, que M. Lehideux décide de faire relayer son appel en le faisant imprimer des "cartes postales".


La Carte Postale.

D'un format de 104 x 150 mm, imprimée en brun sur un papier généralement couleur crème.
Au verso, on trouve la mention "CARTE POSTALE" et une vignette d'un type spécial, représentant un portrait du Maréchal Pétain avec képi, de léger profil. Cette vignette porte l'inscription "ETAT FRANCAIS", sans signature et sans valeur faciale. La dentelure est dessinée.



Curieusement, ces cartes-postales ont été éditées par deux imprimeries :

Différences.

Sur les quelques cartes que j'ai pu examiner, il apparaît trois types de cartes :


Imprimerie Richard.

Imprimerie Giraud Rivoire.

Quelle imprimerie a imprimé les cartes sans indications ?
Il me semble (mais cette indication mériterait approfondissement) que c'est l'imprimerie Giraud Rivoire.
En effet, si on compare les deux détails ci-dessous, on constate quelques différences :
Deux panaches de fumée chez Richard, un seul chez Giraud.
Le nuage supérieur présent chez Giraud, disparaît chez Richard.
Je ne pense pas qu'il s'agisse simplement de l'usure des poinçons.


Imprimerie Richard.

Imprimerie Giraud Rivoire.

Anecdote.

L'image située sur le recto de la carte, a été constituée à partir des dessins de deux affiches éditées pour la même cause. L'homme à la casquette et les cheminées d'usine à sa droite s'inspirent de la carte consacrée à l'industrie, les vignes et le bosquet à gauche, de celle consacrée à l'agriculture.


Agriculture.

Industrie.


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